La communication chez les personnes autistes et asperger

L’autisme est un handicap cognitif. Les personnes porteuses d’autisme ont des difficultés principalement pour communiquer. Les interactions sociales sont difficiles pour eux. Leur comportement est restreint et elles intéressent toujours aux mêmes choses, de manière obsessionnelle.
Les personnes autistes et asperger ont accès au langage. Elles sont capables d’avoir une conversation soutenue et adaptée. La prosodie, la tonalité de voix sont souvent particulières. L’accentuation des mots et des phrases ne correspond pas forcement au code de la langue.
Les expressions, les métaphores, l’humour et le second degré ne sont pas compris par les personnes asperger. La personne autiste s’attache au sens des mots sans prendre en compte le contexte social. Elle analyse le discours au « pied de la lettre ».

Beaucoup d’enfants autistes n’ont pas accès à la communication verbale. Lorsqu’ils désirent quelque chose, ils utilisent l’adulte comme « objet » pour accéder à leur envie. Par exemple, si un enfant porteur d’autisme souhaite ouvrir une boite pour avoir un gâteau, il va chercher son parent en le prenant par le poignet pour le conduire jusqu’à la boite et poser sa main sur celle-ci pour que l’adulte la lui ouvre.
Le geste de pointage qapparaît dans le développement d’un enfant aux mêmes moments que le langage. Les compétences requises pour utiliser ce geste de communication sont déficitaires chez les enfants autistes. Pointer du doigt permet de montrer les objets que l’on désire, ce geste permet également d’échanger sur ce que l’on voit, il a une fonction sociale.
Les enfants et les adultes autistes, n’ayant pas accès à la parole et au pointage, ne sont pas capables d’exprimer une envie ou un besoin. Cette difficulté de communication entraîne de la frustration car ils ne peuvent pas se faire comprendre. Des colères, des gestes hétéro et auto agressifs sont alors présents.
D’autres ont accès à la parole, sans pour autant que la communication soit fonctionnelle. Ils peuvent répéter certains sons ou mots. Parfois ils répètent les phrases qu’ils ont entendues, sans pour autant que cela ait du sens pour eux. La répétition des phrases et des sons s’appelle l’écholalie.
Pour les autistes non verbaux, des langages alternatifs existent, comme l’utilisation de pictogrammes ou de gestes. Le langage alternatif permet aux personnes autistes non verbales de pouvoir faire des demandes et ainsi de réduire leur sentiment de frustration. Les pictogrammes leur permettent également d’expliquer le déroulement de leurs journées et de réduire l’angoisse face à l’imprévu.

 

Floriane GAUTIER Psychologue TCC et Neuropsychologue à Aix en Provence et à Pertuis

Témoignage : être en couple avec une personne Asperger.

Cindy, 30 ans, est en couple avec Erwann, touché par des troubles du spectre autistique. Au quotidien, elle a dû s’adapter.
« J’ai rencontré Erwann au travail, il y a trois ans. Nous travaillions tous les deux dans le service administratif d’une grande entreprise. Je le trouvais timide, un peu renfermé mais très gentil. Son côté lunaire lui donnait un charme particulier. Petit à petit, nous nous sommes liés d’amitié. Un soir, je lui ai proposé d’aller boire un verre après le travail. Si j’avais su à l’époque ce qui lui en avait coûté pour accepter ma proposition ! Les ‘aspies’, comme on surnomme les personnes atteintes du syndrome d’Asperger, détestent que l’on bouleverse leur routine.
Il n’y a aucune tentative de séduction pendant ce premier rendez-vous et lors de ceux qui ont suivi. Erwann m’a parlé pendant des heures de western – l’une de ses passions – mais n’a jamais tenté de m’embrasser ou de me prendre la main. Je commençais à me poser des questions. Pour en avoir le coeur net, j’ai fini par faire le premier pas.
Notre début d’histoire a été chaotique. Il arrivait fréquemment à Erwann de ne pas répondre à mes textos et d’oublier nos rendez-vous. Confusément, je sentais qu’il avait quelque chose de différent mais je ne parvenais pas à mettre de mot dessus. Je me suis même demandé s’il n’avait pas une double vie. Au bout de quelques semaines, il m’a confié être atteint du syndrome d’Asperger. En se jetant à l’eau, Erwann était persuadé que j’allais immédiatement couper court. En réalité, cette révélation m’a soulagée.
L’idée de le quitter ne m’a pas traversé l’esprit. J’avais plutôt soif d’explorer cet univers mystérieux. Je me suis beaucoup documentée.

J’ai lu des livres, des blogs, j’ai regardé la série Atypical de Netflix qui raconte le quotidien d’un ado autiste. Le syndrome d’Asperger a été décrit en 1944 par un psychiatre autrichien du même nom. C’est l’une des formes les moins lourdes du spectre autistique. Il ne s’accompagne pas de retard de langage ou de déficience intellectuelle. Il est très difficile de le ‘détecter’ au quotidien. C’est pour cette raison que le syndrome d’Asperger est surnommé la ‘différence invisible’.

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A quoi sert le test du QI, l’évaluation de la WISC V ?

Les épreuves d’intelligences ont été créées par David Wechsler vers le milieu du vingtième siècle. Il a conçu trois batteries de tests pour adultes (WAIS), enfants (WISC) et jeunes enfants (WPPSI). En 2016, la cinquième version de la Wechsler Intelligence Scale for Children ( WISC ) a été publiée en France.

Ce test permet d’évaluer le fonctionnement cognitif d’un enfant. Les performances de l’enfant vont être comparées à celles des enfants du même âge, afin de pouvoir le situer par rapport à la norme et déterminer ses points forts et ses points faibles. Cela permet de mettre en évidence son fonctionnement cognitif global, de détecter les enfants avec un haut potentiel ou avec une déficience intellectuelle et surtout d’identifier ceux qui ont des troubles de l’apprentissage (comme la dyslexie, la dyspraxie …), des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité ou un trouble envahissant du développement (TED). Il peut aussi servir à évaluer l’impact d’un traumatisme crânien …

Ce test sert à calculer le fameux quotient intellectuel (QI) mais attention, cette donnée à elle seule ne peut pas être interprétée, car il faut analyser l’ensemble du test.

Cette batterie de tests est constituée de subtests qui permettent d’obtenir différents indices. Dans la WISC V il y a cinq indices principaux :

  • Indice de Compréhension Verbale (ICV) qui permet d’évaluer les connaissances acquises par l’enfant dans son environnement. Il mesure l’expression verbale, la formation de concepts verbaux et le raisonnement verbal.
  • Indice Visuospatial (IVSqui permet d’évaluer le raisonnement visuospatial, l’intégration visuomotrice, la capacité de faire des rotations mentales( de manipuler une image mentalement), la capacité d’intégrer, de synthétiser des relations entre un élément et l’ensemble d’une figure, la capacité de construire des formes géométriques à partir d’un modèle.
  • Indice de Raisonnement Fluide (IRF) qui définit la capacité générale de résolutions de problèmes qui consiste à extraire des règles d’une situation pour résoudre un problème posé. Cet indice mesure le raisonnement inductif et quantitatif, le traitement simultané, la capacité d’abstraction.
  • Indice de Mémoire de travail (IMT) : c’est la capacité de retenir une information pour la résolution d’une tâche. Celle-ci est à courte durée. Cet indice mesure l’aptitude à enregistrer, à maintenir et à manipuler des informations visuelles et auditives.
  • Indice de vitesse de traitement (IVT ) qui permet d’évaluer la rapidité et la précision de l’identification visuelle et l’aptitude à la prise de décision. Il évalue également le balayage visuel, la discrimination visuelle, ainsi que l’attention.

Ce test WISC V permet de donner une première information au sujet du fonctionnement cognitif de l’enfant, mais il faut compléter ces informations par d’autres batteries de tests neuropsychologiques afin d’avoir une meilleure estimation du fonctionnement cognitif.

Gautier Floriane , Neuropsychologue, à Pertuis 84120 et à la Tour d’Aigues 84240, 07 52 03 82 22

Langage alternatif et autisme

 Les compétences langagières sont souvent altérées chez les personnes souffrant d’autisme. Les altérations de la communication font partie de la triade autistique, elles constituent d’ailleurs un des critères fondamentaux pour poser le diagnostic. Dans certains cas les autistes peuvent même être dans l’incapacité de parler, être mutiques. Cette incapacité à communiquer est souvent source de « comportements problématiques ». Il est fréquent d’observer chez un enfant atteint d’autisme un trouble du comportement quand celui-ci veut quelque chose. Il n’arrive pas à se faire comprendre, il ne peut pas demander correctement ce qu’il désire malgré l’attention bienveillante de son entourage et cela génère une souffrance, un sentiment d’impuissance pour accéder à ce qui lui est nécessaire. Ce sentiment engendre chez l’enfant un comportement colérique, voire de l’agressivité envers autrui ou envers lui-même.

Ce déficit de communication est aussi une raison de souffrance pour l’entourage qui a des difficultés pour comprendre la personne autiste. Il se trouve confronté à des réactions excessives, sources d’anxiété, dont les manifestations difficilement maîtrisables constituent un stress supplémentaire pour ceux qui doivent gérer ces attitudes hors normes .

Pourtant il existe des solutions : grâce à des méthodes de langage alternatifs, en particulier les méthodes PECS et MAKATON, qui à terme permettent à la personne atteinte de troubles autistiques de faire des demandes de façon spontanée et autonome.

Le programme MAKATON, mis au point en 1973 par Margaret Walker, repose sur des signes, des gestes et des pictogrammes pour représenter objets et concepts . La méthode PECS qui est définie comme une « Communication par Échange d’Images » a vu le jour en 1985 aux USA et s’adresse particulièrement aux personnes avec autisme. Ici ce sont des images ou des pictogrammes qui sont utilisés pour faire passer une information. Dans ces deux méthodes, on se sert de ces supports visuels utilisés par la personne avec autisme et par son entourage pour établir une communication.

Les neuropsychologues formés à ces langages alternatifs et aux méthodes comportementale (dont est issue l’ABA) peuvent avec efficacité prendre en charge cette thérapie.

L’enseignement initial des gestes ou des pictogrammes est toujours réalisé en fonction de la motivation de l’enfant et de ses centres d’intérêts. Par exemple on propose à l’enfant atteint d’autisme des objets qu’il désire fortement, gestes ou pictogrammes utilisés sont associés à l’objet voulu. L’enfant va établir le lien entre la représentation de l’objet désiré et la possibilité de l’obtenir. Il peut très vite s’approprier ce mode d’expression pour faire spontanément des demandes. Progressivement on développe son répertoire et le langage oral : le psychologue nomme l’objet voulu dès que l’enfant donne le pictogramme ou fait un geste convenu pour désigner celui-ci. Il accompagne l’enfant dans une bonne prononciation : l’articulation doit être correcte et les syllabes bien détachées. Cette technique permet de favoriser l’accès au langage oral.

Ces langages sont utilisés par l’enfant et aussi par son entourage: parents, fratrie et professionnels qui l’accompagnent. D’utilisation aisée, ils permettent d’établir une bonne communication. L’enfant peut s’exprimer, faire part de ses demandes, ce qui entraîne une diminution du sentiment d’impuissance et la colère qui en découle. Cette meilleure communication permet à terme une meilleure intégration dans la famille et la société. Il est important pour l’enfant souffrant d’autisme d’accéder à ces langages le plus tôt possible.

Floriane GAUTIER, Neuropsychologue, 07 52 03 82 22

Pertuis 84120